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Monolithe vs Microservices : Quel Choix pour les Startups Early Stage

Monolithe vs Microservices : Quel Choix pour les Startups Early Stage

Tout le monde parle des microservices comme s'il fallait en faire par défaut. Conférences tech, articles de blog, threads Twitter... l'architecture distribuée est présentée comme la voie évidente vers la modernité technique. Mais après avoir accompagné des dizaines de startups en tant que lead développeur ou CTO Part-time, je peux vous affirmer que ce n'est généralement pas le modèle que je recommande à une petite équipe qui démarre.

Microservices : une réponse adaptée... pour les grosses équipes

L'architecture en microservices brille chez les géants comme Google, Amazon ou Netflix. Et pour cause : avec des milliers d'ingénieurs travaillant sur un même produit, la capacité à isoler les domaines fonctionnels devient cruciale. Chaque équipe peut développer, déployer et maintenir son service de manière autonome. La scalabilité à grande échelle est facilitée car chaque composant peut être dimensionné indépendamment selon ses besoins spécifiques.

Mais votre startup n'est pas Google. Avec une équipe tech de 2 à 5 personnes typique des startups early stage, cette architecture devient rapidement un fardeau plus qu'un atout. J'ai vu de nombreuses jeunes pousses s'enliser dans la complexité d'une architecture distribuée prématurée : multiplication des points de défaillance, difficultés de débogage à travers les services, efforts de synchronisation démesurés... Sans parler des coûts opérationnels qui explosent.

Je me souviens particulièrement d'une startup fintech qui avait choisi d'emblée une architecture en microservices pour "faire comme les meilleurs". Six mois plus tard, l'équipe passait 50% de son temps à gérer l'infrastructure et la communication entre services, au lieu de développer les fonctionnalités qui auraient pu séduire des clients. Résultat : un time-to-market catastrophique et une complexité technique qui effrayait les nouveaux développeurs.

Le Monolithe : un choix intentionnel et stratégique

À l'opposé se trouve ce que David Heinemeier Hansson (créateur de Ruby on Rails) appelle le "Majestic Monolith" : un monolithe assumé, bien structuré et organisé. Il ne s'agit pas d'un gros bloc de code spaghetti, mais d'une application unifiée avec une architecture interne soignée.

Cette approche offre des avantages concrets et immédiats pour une startup. D'abord, vous travaillez avec une seule base de code, ce qui simplifie énormément la compréhension globale du système pour chaque membre de l'équipe. Les nouveaux développeurs peuvent rapidement devenir productifs sans avoir à maîtriser une constellation de services interconnectés.

De plus, un monolithe élimine les frictions entre services. Pas besoin de gérer des API entre composants, de synchroniser des déploiements ou de déboguer des problèmes de communication réseau. Tout est disponible dans le même environnement d'exécution, ce qui accélère considérablement le développement et les tests.

Cette approche correspond parfaitement à la réalité d'une petite équipe focalisée sur la validation de son produit. Des entreprises comme Basecamp ou Shopify ont construit des produits robustes et largement utilisés avec cette philosophie. Dans ma pratique, j'ai appliqué cette approche avec succès sur des projets comme Republike (réseau social orienté liberté d'expression) et Sappy (application de mise en relation auxiliaires de vie et personnes agés), permettant à ces startups d'itérer rapidement sur leurs fonctionnalités sans s'enliser dans la complexité technique.

Design pragmatique : savoir quand (ne pas) distribuer votre architecture

Attention, je ne suis pas dogmatiquement opposé aux microservices. Je m'oppose plutôt à leur adoption par simple mimétisme de ce que font les grands acteurs. L'architecture technique doit répondre à des problèmes concrets, pas à une volonté d'être "à la mode".

La question fondamentale à se poser n'est pas "Comment puis-je découper mon application en microservices ?", mais plutôt "Ai-je vraiment besoin de distribuer ce composant ?". Cette approche pragmatique vous évite de créer de la complexité accidentelle.

Pour la plupart des startups, un monolithe bien conçu peut parfaitement évoluer avec le produit pendant plusieurs années. L'astuce consiste à le garder modulaire et maintenable grâce à des pratiques comme le Domain-Driven Design, une organisation rigoureuse des dossiers, ou encore l'implémentation de services internes qui pourraient potentiellement devenir des microservices ultérieurement.

Par exemple, vous pouvez adopter une architecture hexagonale ou en oignon au sein de votre monolithe, séparant clairement la logique métier des détails techniques. Vous pouvez également identifier des bounded contexts qui délimitent des sous-domaines cohérents. Ces pratiques facilitent une éventuelle extraction en microservices le jour où cela deviendra réellement nécessaire.

Conclusion

En définitive, ce n'est pas le choix du modèle architectural qui détermine votre réussite, mais sa pertinence par rapport à votre contexte spécifique. Pour une startup en phase d'exploration et de validation, la simplicité et l'agilité sont des atouts considérables qu'un monolithe bien conçu peut offrir.

Ma recommandation est simple : commencez avec un monolithe soigneusement structuré, restez agiles dans votre développement, et n'évoluez vers une architecture plus distribuée que lorsque des problèmes concrets le justifient. Cette approche pragmatique vous permettra de consacrer votre énergie à ce qui compte vraiment : développer un produit qui résout les problèmes de vos utilisateurs.

Si vous souhaitez discuter de l'architecture technique adaptée à votre projet spécifique, n'hésitez pas à me contacter. Je serais ravi de partager mon expérience pour vous aider à faire les choix qui correspondent à votre réalité opérationnelle et à vos ambitions de croissance.